Comment peut naître le rêve de l'engagement journalistique et du témoignage politique chez un enfant qui grandit dans la plus abandonnée des provinces ? Quelle liberté réelle détient-il de dépasser les structures qui l'enferment ? Au fur et à mesure que font irruption les événements qui bousculent et les idées qui s'affolent, c'est à ces questions que l’auteur entend répondre, Et les réponses suscitent d’autres questions : ayant trouvé sa patrie dans la gauche cet homme affrontera-t-il des réalités qui pulvérisent ses valeurs ? Comment pourra-t-il diriger un journal d'opinion lui qui se découvre habité par un goÛt pour le complexe, le contradictoire et l'insolite ? C'est aussi le roman de la solitude chez un homme pour qui la solidarité avec les compagnons de lutte est sacrée. Camus, Sartre et Malraux sont présents dans ce livre comme le sont de Gaulle et Mendès France, Kennedy et Castro, Bourguiba et Ben Barka, Beuve Méry et Michel Foucault, Nasser et N'Krumah, Guevara et Lumumba, Mitterrand et Servan-Schreiber. Comme sont présentes aussi les victimes des bavures de l'histoire au nom de qui Jean Daniel voudrait parler pour avoir, lors d'une grave blessure, partagé avec elles le fond de la détresse - et de la joie. Dans cette « chronique subjective » qui retrace la carrière d'un journaliste soucieux d'assumer toutes les contradictions du monde, on trouvera en contrepoint quelques jalons historiques décisifs. On retrouvera surtout un homme qui entend vivre et penser en dehors de tous les dogmes et de tous les catéchismes. Avec, pour la lucidité, une passion qui ressemble à un vice. Et, pour nostalgie, tous les lumineux privilèges des rivages méditerranéens.